Jerome Soldani

Membre permanent

Anthropologie

Je travaille sur la reconfiguration des sociétés autochtones dans le contexte taïwanais contemporain ainsi que sur les rapports de force et les négociations existant entre ces groupes et l’État central dont ils dépendent. Partant des activités ludiques et sportives, j’analyse la recomposition du paysage politique, dont elles servent d’interface avec les politiques publiques au sens large, ainsi que du paysage religieux, notamment à travers les dimensions prosélytes qui leurs sont associées. J’examine les conditions de production de politiques publiques discriminantes (positives et négatives) sur les populations autochtones de Taïwan par l’étude du système éducatif. Reposant sur des catégorisations à la fois culturelles et raciales, ces politiques éducatives constituent un objet d’études pour mettre au jour les mécanismes de reproduction sociale de la société taïwanaise contemporaine et d’ajustement des politiques dites « multiculturalistes », à visée d’insertion des enfants issus des minorités autochtones. Cette vision biologisante interroge aussi la façon dont les corps incarnent ces politiques publiques. Le corps est ainsi envisagé comme le siège et le vecteur de valeurs physiques et morales étroitement associées aux représentations du groupe de référence et par distinction avec celles des groupes voisins. Il s’agit aussi d’investiguer les mesures de santé publique centrées sur l’amélioration des corps, d’abord pour prévenir les maladies sur le long cours, mais aussi pour rendre ces corps plus performants ou les faire correspondre à un idéal. Fondée sur la méthode ethnographique d’enquête de terrain, cette recherche porte sur les logiques de rapports de force que les sociétés austronésiennes formosanes entretiennent avec l’État taïwanais et les façons dont elles s’aménagent, ce faisant, une part d’autonomie. Cela passe par des revendications territoriales, et parfois foncières, renvoyant les questions environnementales à la gestion du bien commun. Trois entrées sont privilégiées : 1) l’articulation entre territoires et paysages (ici la montagne), comme support des revendications d’appartenances, de souveraineté et d’accès aux ressources, que ce soit par l’autorisation de la chasse ou le développement de l’écotourisme ; 2) la réhabilitation des anciens sentiers de chasse qui condense les questions de relations au territoire, à l’éducation des jeunes générations et à l’environnement ; 3) l’émergence de coopératives bancaires et agricoles communautaires, les premières soutenant généralement l’implantation des secondes indépendamment de l’État, des banques et des usuriers aux mains de la majorité non-autochtone. À travers ces trois principales entrées, il s’agit de prendre en compte le rapport sensible à la nature revendiqué par les populations autochtones et d’analyser les modes de production des catégories concernées, qu’elles émanent de l’État, du droit, du monde académique ou des populations locales.

Adresse professionnelle : Université Paul Valéry-Montpellier 3, Site Saint-Charles, 71 Rue du Professeur Henri Serre, 34080 Montpellier

E-mail : Jerome.soldani@univ-montp3.fr

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