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Léa Riera

Fidji

Membre Doctorant

Géographie humaine

Sujet de thèse : From Tensions to Integrations: Development and Conservation Coalitions in Fijian Coastal Fisheries Management

L’attention croissante portée ces dernières décennies à la biodiversité marine amène le secteur de la pêche à se réorganiser afin d’incorporer les standards internationaux de conservation. En reprenant l’historicité des modes de gestion et de gouvernance de l'espace côtier à Fidji, cette thèse questionne les pratiques et les normes qui sous-tendent aujourd'hui les manières d'organiser et de contrôler, de gérer donc, les activités de pêche . J'expose notamment la rencontre entre les mondes du développement rural et de la conservation de la biodiversité, tous deux façonnés par de multiples dispositifs d'intervention extérieure, ainsi que la réorganisation de ces mondes pour intégrer le nouveau paradigme de la "croissance bleue".

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E-mail : lea.riera@ird.fr

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Ecole doctorale : ED60

Les productions de Léa Riera

Thèse soutenue le 23/06/2022

Cette thèse explore les dynamiques passées et contemporaines des régimes de gestion des pêches côtières à Fidji (Pacifique Sud). Elle vise à mieux comprendre l'évolution des discours et des pratiques des coalitions d'acteurs défendant la priorisation d'objectifs de développement économique ou de conservation de la biodiversité. Remontant jusqu'en 1890, j'interroge la manière dont ces coalitions ont proposé au fil du temps d'encadrer, d'organiser et de contrôler les activités de pêche vivrière et artisanale à Fidji, et j'expose la rencontre progressive et multi-échelle des discours et des pratiques mis en avant par ces coalitions de développement et de conservation. En effet, face à des incitations locales et internationales pour une gestion durable et intégrée des océans, cette rencontre a conduit à la formation d'un nouveau régime de gestion collaborative et intégrée dans lequel la pêche côtière occupe une place centrale. L'étude s'appuie sur une ethnographie multi-sites complétée par l'analyse d'archives et de politiques publiques, et repose sur un cadre conceptuel alimenté par des approches de political ecology et d'analyse des politiques publiques. Elle met en jeu le concept d'« hybridité » pour comprendre l'évolution des discours, des pratiques et des rapports de force en jeu dans ce mouvement vers l'intégration et dans ses matérialisations. En particulier, cette thèse questionne les processus de (re)distribution des rôles et des responsabilités entre les acteurs étatiques et non-étatiques, ainsi que l'articulation croissante de leurs approches coercitives et comportementales dans les différents régimes de gestion. Ce travail montre comment la gestion, considérée dans la lignée de Foucault comme un régime de pratiques, est un objet multiforme ; façonné, adapté ou contourné par des acteurs défendant des intérêts différents et changeants. Dans les régimes de gestion identifiés, la gestion des pêc hes est problématisée comme une question technoscientifique, comportementale, ou de gouvernance, tandis que les pêcheurs sont considérés comme des acteurs de l'économie nationale, des « gardiens de la mer » ou comme un groupe porteur de revendications politiques. Les poissons, quant à eux, sont porteurs d'une valeur économique, nutritive, culturelle, esthétique et/ou intrinsèque. Aujourd'hui, les coalitions doivent plus que jamais être flexibles et mobiliser simultanément (et donc hybrider) des discours et des pratiques développementalistes, environnementalistes et localistes. Je montre enfin que, derrière la promesse d'une (ré)conciliation des objectifs de conservation et de développement, les processus de négociation – constitutifs de la gestion – sont invisibilisés. Cette promesse, lorsqu'elle est formulée et promue par des discours « gagnant-gagnant », participe alors à la dépolitisation des questions relatives aux relations entre l'humain et son environnement, pourtant hautemen t politiques.