Dieng Sokhna
Ndèye Sokhna Dieng
Membre Doctorant
Sciences politiques
Sujet de thèse : Processus de territorialisation et politisation des forêts classées en Côte d'Ivoire
Adresse professionnelle : TA C-119 / F - Campus international de Baillarguet - 34398 Montpellier Cedex 5
E-mail : ndeye.dieng@cirad.fr
Téléphone :
Ecole doctorale : ABIES
Directeur(s) : Alain Karsenty
Co-directeur/encadrant(s) : François Bédia Aka
Les productions de Ndèye Sokhna Dieng
Thèse soutenue le 09/07/2024
Comment repenser les processus de politisation des forêts dans des territoires qualifiés comme « déforestés », et néanmoins marqués par un repositionnement de la lutte contre la déforestation dans l’agenda politique ? A partir de ces situations contrastées, cette thèse explore cette question à travers une approche interdisciplinaire, à la croisée de la sociologie politique de l’action publique et de la géographie politique. Elle a pour objet les forêts classées de Côte d’Ivoire, qui appartiennent à l’Etat depuis la période coloniale, et ont été créées pour des objectifs d’exploitation forestière. Ces forêts classées sont des espaces sociaux contestés, où vivent et/ou travaillent des populations, qui y pratiquent diverses activités, pouvant être illégalisées par la propriété étatique. Depuis 2018, des politiques forestières visent à maintenir et regagner du couvert forestier dans ces forêts classées, notamment en requalifiant ces espaces en aires protégées ou en agro-forêts classées, pour la pratique de l’agroforesterie. D’une part, à partir d’une analyse socio-historique des processus de territorialisation étatique des forêts depuis la période coloniale, cette thèse démontre que les requalifications contemporaines des forêts classées s’inscrivent dans des processus continus de construction étatique et de reterritorialisation des forêts, dans un contexte post-crise, par différents réseaux d’action publique. Ces requalifications sont à lire au regard des problématisations de la déforestation autour d’enjeux agricoles et de l’économie politique du cacao. D’autre part, cette recherche montre que ces requalifications témoignent d’une souveraineté étatique négociée dans une configuration d’action publique transnationale, à travers la multiplication d’intermédiaires internationaux et nationaux (agences de développement, entreprises privées, ONG environnementales). Si l’Etat se déploie à travers ces intermédiaires dans ces forêts classées, l’appareil étatique est également un intermédiaire pour ces mêmes acteurs. Ainsi, cette recherche propose une discussion de cette intermédiation et des manières dont différents acteurs et réseaux d’action publique s’appuient sur l’appareil étatique pour faire avancer leurs ingénieries socio-écologiques, en mobilisant des ressources différenciées. Enfin, cette thèse conceptualise l’ethno-environnementalisme, en étudiant sa sociogenèse et ses mobilisations sociales. Celui-ci se caractérise par une association systémique entre les migrations et la déforestation, une redéfinition de luttes sociales anciennes pour le foncier autour de la lutte contre la déforestation et la mobilisation de l’autochtonie, en tant qu’identité politique, dans un contexte ethno-nationaliste. Il participe à une redistribution de ressources politiques et symboliques entre groupes sociaux, définis par leur autochtonie ou leur statut de migrant.